"Dis Claire, c'est pas un peu cliché tous ces gens qui font un burn out et qui se mettent à la méditation?"
Si, parmi toutes les voies thérapeutiques, la méditation attire autant les cadres en recherche de sens, ce n'est pas sans raison. Au delà de calmer le mental, de réduire le stress et d'accueillir les émotions, la pleine conscience résonne avec ce que l'on appelle la crise de milieu de vie car elle lui répond entièrement.
Crise existentielle et sortie de cadre
Bien sur, tous les épuisements professionnels ne sont pas des crises existentielles. Pourtant ce sont des opportunités personnelles de faire le bilan, de comprendre comment nous sommes arrivés dans cette situation et de mieux connaître notre propre fonctionnement.
L'apogée de l'épanouissement professionnel est rarement celui de l'épanouissement personnel.
La crise de milieu de vie est une remise en question profonde de notre propre construction. Un peu comme si à l'apogée de notre épanouissement social, nous réalisions que cela ne correspondait que peu ou pas du tout à notre épanouissement personnel.
La crise de milieu de vie peut apparaître aujourd'hui dès 40 ans voire même avant. Elle correspond en fait à une crise existentielle qui va remettre en cause l'identité même de la personne par un questionnement profond. Cette étape correspond au début du processus d'individuation décrit par le psychiatre suisse Carl G. Jung. Ce n'est pas un déclic mais bien un processus, un chemin, une voie qui prend du temps et qui n'a pas réellement de fin.
Etant donné que la société nous a proposé des réponses qui ne nous conviennent plus, ce questionnement est exploré par des moyens souvent non reconnus par les organismes conventionnels. Il s'agit bel et bien de sortir du cadre, de s'en extraire et de prendre de la hauteur sur nos modes de vie trop souvent automatiques.
Dans tous les cas, une introspection plus où moins profonde se dessine afin de trouver en soi ses propres réponses.
Introspection & Méditation
La pleine conscience apporte un outil fondamental car la question de l'identité en est un thème central. Qui suis je vraiment? Qu'est ce qui fait que je suis moi? Qu'est ce qui est vrai dans tout cela?
Cette invitation à découvrir ses propres vérités et le propre de la méditation de pleine conscience.
Avant de découvrir petit à petit ce que nous sommes, nous découvrons ce que nous ne sommes pas. Ce à quoi on ne peut pas nous réduire. Et voila: Nous ne sommes pas notre métier! Nous ne sommes pas nos responsabilités familiales, nous ne sommes pas un pion dans le système, nous ne sommes pas nos croyances, nous ne sommes pas nos émotions. Nous sommes bien plus que tout cela...
Ainsi démarre un chemin solitaire, une expérience subjective que personne d'autre ne peut vivre à notre place.
La pratique de la méditation permet de prendre conscience de ces conditionnements et de l'interprétation que nous faisons de la vie. Cette interprétation se fait au travers de notre éducation, de nos croyances, de notre héritage culturel, d'un mimétisme sociétal. En prendre conscience c'est déjà s'en libérer mais cela n'est pas suffisant. Après le déclic, il y a le chemin. Ou comme on dit en méditation: après l'extase, la lessive!
"Elle fait quoi ta fille en ce moment? Elle se cherche..."
Dans sa vision du changement, le philosophe Frédéric M. Hudson décrit une phase de marasme nécessaire qui correspond à ce questionnement. Plus cette phase est longue, plus la remise en question est profonde, fructueuse et plus le renouveau sera important.
C'est aussi un modèle qui explique la nécessité d'expérimenter, qui implique des allers et retours, des recommencements et des voies sans issues avant de trouver sa propre route vers le renouveau.
Le système nous presse implicitement de choisir.
Or, dans notre système éducatif actuel, trop rares sont les opportunités qui nous sont offertes d'essayer sans engagement et de manière réaliste, des métiers ou des modes de vie.
Le système nous presse implicitement de choisir, d'aller travailler et de trouver une place et une stabilité dans, et au service de, la société. Pour certains, cela se traduit par des fonctions professionnelles. Pour d'autres, il s'agit d'une identité ancrée dans le foyer.
Ainsi, il n'est pas rare de voir les personnes changer plusieurs repères de leur vie, de manière quasi simultanée. Les facettes de notre identité sont souvent liées entre elles et peuvent donc tomber en cascade, comme des dominos que l'on a patiemment érigés et qui s'écroulent en un rien de temps.
Le prix du questionnement
Comment vivre dans cette réalité économique avec la construction de ce nouveau moi? La curiosité qui suit les découvertes amène quasi systématiquement les personnes à se former dans le domaine qui les a le plus accompagné dans leur renouveau.
Voila comment, alors que le phénomène post COVID de la grande démission accélère le phénomène de reconversion, l'économie voit fleurir des entrepreneurs, majoritairement dans le domaine du bien être. Ils sont nombreux les naturopathes, coachs, sophrologues, masseurs ou chamans à apparaitre sur le net et au coin de votre rue.
On connait tous quelqu'un qui a fait un burn out et qui s'est reconverti en coach.
Ce phénomène est un résultat naturel d'un processus de déconditionnement partiel! Notre conditionnement nous a appris qu'un apprentissage se doit d'être intellectuel et donc qu'une formation se ponctue par un diplôme ou une certification.
Et comme nous sommes toujours conditionner à retourner dans, et au service de, l'économie de marché, l'étape logique qui s'en suit est de transformer diplôme en métier et métier en rémunération.
Le champ des possibles
Malgré sa difficulté, ce parcours d'individuation offert par l'opportunité d'une crise existentielle, est une véritable bénédiction. Comment pouvons nous réellement vivre si nous n'avons pas cette profonde et intense prise de conscience? Comment pouvons nous trouver le sens profond de notre vie si nous ne nous donnons pas la peine de le chercher en nous?
Une vie selon les codes, les croyances, le sens commun s'apparente finalement à une survie, à vivre au dessus ou en dehors de notre conscience personnelle et de ce que nous sommes réellement.
Alors oui certains chemins d'individuation passent par la psychologie, la méditation, le tantra, le coaching, la physique quantique et bien d'autres approches de la vérité absolue.
La variété des accompagnements et des accompagnants est large afin que chacun puisse cheminer en toute sécurité et bienveillance grâce à une cartographie qui, si elle ne montre pas le chemin, se propose de le baliser afin que vous trouviez le vôtre.
Si désormais nous rencontrons des personnes qui remettent en question leur travail, leur couple ou tout simplement le système, peut être pouvons nous essayer de nous ouvrir à un peu plus de curiosité que de jugement, à un peu plus d'humilité que d'arrogance.
Si la vérité est une expérience subjective, alors elle se trouve quelque part entre ce que nous connaissons déjà et ce que nous n'avons pas encore expérimenté.
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